Le témoignage de Sylvie, bénévole

Texte

Sylvie : "une véritable amitié entre boubou et ma famille"

C’est en début 2019 que j’ai fait la connaissance de Boubou. Il avait alors 18 ans, jeune mineur non accompagné en provenance du Mali et m’était adressé par le CADA de Graulhet. Son éducatrice m’avait demandé si je pouvais l’accompagner dans l’apprentissage du Français. Boubou maitrisait un peu le français à l’oral, très peu à l’écrit et se débrouillait à peu près en lecture. Pour cette dernière je me suis aperçue assez vite que si, il déchiffrait, la compréhension n’était pas au rendez-vous. Le contact avec Boubou a été tout de suite facile, chaleureux et joyeux, il a très vite manifesté beaucoup de bonne volonté.

Mais le défi était de taille ! Boubou résidait à Castres car il avait trouvé un apprentissage en boulangerie et conjointement il débutait des cours de première année au CFA d’Albi. Nous n’avions pas le temps de passer par un apprentissage progressif du français, il a fallu tout de suite se pencher sur ses cours, travailler avec lui la compréhension, aborder les différentes lectures : linéaire, tableaux, graphiques … , faire des exercices, répondre à des questions. Nous nous sommes affrontés à des cours de droit du travail, de biologie alimentaire, de français, d’anglais, d’économie, de techniques commerciales … Les séquences de travail duraient au maximum 1heure 30 car Boubou était fatigué par l’énergie requise, en effet il se lève à 4heures pour se rendre au fournil, il rentre chez lui vers 13heures, se repose un peu et vient travailler vers 16 heures une à deux fois par semaine. 

Boubou a eu 18 ans en juin 2019. Majeur, il a donc demandé un titre de séjour qui vue son intégration ne devait pas poser de problème. En fait quelle déception pour Boubou et quelle angoisse quand il a reçu un avis défavorable avec une obligation de quitter le territoire. J’ai autant que possible gardé le contact avec lui mais il était un peu découragé et moins motivé par le travail scolaire. L’été 2019 a été très difficile pour lui car il n’avait plus l’autorisation de travailler, en septembre il a pu reprendre les cours au CFA et nous avons aussi repris nos rencontres pour travailler les cours de 2eme année. Grace à son assiduité et sa volonté, Boubou avait fait de gros progrès en écriture, en lecture et en langage. Enfin en novembre aidé par son éducatrice et un avocat il a obtenu un titre de séjour. Nous n’étions pas au bout de nos peines, en 2020, la covid 19 et le confinement ont compliqué la façon de travailler ensemble, c’est par téléphone que j’ai pu l’accompagner dans son travail scolaire. Cela fut une source de fatigue supplémentaire pour nous deux.  

En Juin 2020, Boubou a passé avec succès son CAP de boulangerie, il est très fier et passionné par son travail où il est très apprécié. D’ailleurs encouragé par son maitre de stage il continue sa formation en préparant une mention complémentaire. Il a aussi commencé à étudier le code de la route. Nos rencontres hebdomadaires sont toujours très studieuses mais agréables et décontractées. C’est avec beaucoup de plaisir que je retrouve Boubou qui se confie peu à peu et raconte par bribe son parcours depuis Bamako au Mali jusqu’à Castres, tant et si bien que, à sa demande nous avons cet été, commencé à écrire son histoire. A partir de ses écrits il est venu témoigner devant un groupe paroissial qui partageaient un temps convivial. Impressionné au début il a pris peu à peu de l’assurance et a pu répondre aux nombreuses questions que son parcours a suscitées. 

Boubou s'est très bien intégré en France, il rêve de devenir boulanger à Paris ! Mais il manifeste de temps en temps le mal du pays, ses parents et sa soeur, avec qui il garde le contact, lui manquent. 


Une véritable amitié s’est installée entre Boubou et ma famille, mais aussi avec les bénévoles de l’équipe de Castres qui sont toujours heureux d’avoir de ses nouvelles et suivent avec intérêt son parcours de vie.

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